Pathé’O

Pathé’O

Pathé Ouédraogo voit officiellement le jour en 1950 à Guibaré, à 87 Km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. En 1964, son père agriculteur l’inscrit à l’école rurale du village dans laquelle il étudie durant trois ans avant d’entrer au centre de perfectionnement agricole de Kongoussi.

Aspirant à un mieux-être, Pathé part pour la Côte d’Ivoire en mai 1969. Par faute de moyens conséquents pour arriver directement à Abidjan, il fait escale à Ferkessédougou et entreprend des travaux champêtres. Après Bouaké, à l’office de la main d’œuvre, Pathé et son compagnon de fortune sont recrutés par un paysan de Sinfra pour travailler dans sa plantation pour 3600FCFA l’année dans des conditions difficiles. Ils abandonnent très vite le projet et partent à Bouaflé où ils travaillent pour une vieille dame qui prend soin d’eux. Pourtant,  Pathé et son compagnon se décident tout de même à partir pour Divo. C’est à ce moment qu’une lueur d’espoir se fait sentir car le maire de Divo vient les chercher pour sa plantation. Etant donné leur jeune âge, M. Konian décide de les amener dans sa rizière, où le travail est moins rude que dans une plantation normale de café ou de cacao, et de leur dédier une paie mensuelle de 4000FCFA. Bonne proposition que Pathé et son « frère » acceptent.

Dans la rizière, Pathé fait intervenir son expérience du centre de perfectionnement agricole de Kongoussi, dans son pays natal. Son travail satisfait le patron mais dès qu’il perçoit son premier salaire, le jeune voyageur se résout à poursuivre son chemin : objectif Abidjan. Malgré les supplications de M. Konian, Pathé Ouédraogo part pour la capitale.

« Je fais la mode par nécessité !», a l’habitude de dire Pathé. Cela est d’autant plus vrai qu’il arrive à Abidjan sans grand moyen financier. Il loge chez un parent et suit un apprentissage en couture chez M. Gaoussou Bakayoko à Treichville. Au fil du temps, l’atelier devient également un dortoir pour lui. « Je dormais dans l’atelier sur les machines à coudre. C’était un besoin pour moi », souligne-t-il. Il s’adonne donc corps et âme à la couture. De 1969 à 1973, il apprend la coupe homme chez M.Bakayoko. De 1974 à 1977, il s’initie à la couture dame chez Cheick N’Diaye à Treichville Avenue 7. Pour bien comprendre les détails techniques de la couture, Pathé prend des cours par correspondance.

En 1977, il décide de voler de ses propres ailes. La vie professionnelle commence. On lui loue une machine à coudre à 1500FCFA par mois et il prend, avec un ami, un atelier dont le loyer s’élève à 3500FCFA par mois, à Treichville, Avenue 6 Rue 17. C’est là qu’il est découvert par l’animatrice Odette Sauyet qui lui donne l’occasion de faire sa première télé en 1985. Ce passage à la télévision permet à beaucoup de gens de connaître le jeune couturier. Le déclic arrive le 14 mars 1987 lors de la première édition des Ciseaux d’Or organisée par UNIWAX, une firme de textile. Pathé travaille sur le pagne « L’oiseau rare » et sort un modèle exceptionnel mais simple qu’il fait porter au mannequin Angèle Zaka. Au résultat final, il remporte le Ciseau D’Or. Il entre par la même occasion dans l’univers des grands créateurs d’Abidjan. A la fin de l’année 1987, il s’installe à Treichville Avenue 19 Rue 22. Ce coin est aujourd’hui l’atelier de production de la maison Pathé’O. C’est alors que naît la griffe Pathé’O en référence à Pathé Ouédraogo. Une griffe qui naît, une nouvelle vie qui commence. Il s’organise et devient plus professionnel. La particularité chez lui, c’est qu’il travaille en grande partie sur les matières africaines notamment le pagne imprimé, les tissés (le Kita baoulé, le pagne korhogolais, le Faso Dan Fani….), le voile mauritanien, le bazin, l’indigo… Ses habits se remarquent par leurs finitions nettes et le réalisme dans la création. Avec l’aide de quelques dirigeants et personnalités du continent comme Mandela, Konaré et autres chefs d’Etats en activité, Cheick Modibo Kéita…et des stars de la chanson africaine, il a réussi à faire admettre les tenues faites par les créateurs du continent comme tenue de sortie.

Pour diffuser sa griffe, il ouvre des boutiques dans plusieurs grandes villes africaines : Yamoussoukro, Bamako, Ouagadougou, Libreville, Yaoundé, Douala, Brazzaville, Luanda. En Occident il en existe à Pointe-À-Pitre et au Québec. « On se bat pour aller vers la clientèle. Il n’est plus nécessaire de penser que Pathé’O, c’est pour la classe supérieure.» dit le couturier. Son atelier compte aujourd’hui plus d’une cinquantaine de machines à coudre et c’est de là que partent toutes les créations signées Pathé’O.